Comment risquer de faire un mauvais choix de carrière

Dans cet article, je souhaite vous amener à réfléchir sur certains indices qui pourraient laisser croire que votre réflexion  au sujet du choix de carrière n’est pas optimale.  Si vous vous reconnaissez dans un ou plusieurs de ces indices, vous auriez intérêt à vous questionnez davantage quant à vos motivations à aller dans la voie que vous êtes sur le point de prendre.

1. Faire le même choix que ses amis

Il n’est pas impossible que vous partagiez de nombreux intérêts avec vos amis. Toutefois, il est plutôt rare, voire exceptionnel, que des personnes se ressemblent au point de partager les mêmes intérêts, de posséder les mêmes aptitudes, les mêmes valeurs, les mêmes traits de personnalité, et d’avoir en plus les mêmes aspirations au plan de la carrière. Si vous êtes tenté de suivre la même voie que vos amis, vous devriez vous questionner sur vos motivations profondes. Est-ce une peur de perdre leur amitié qui vous pousse à les suivre? Notez que les véritables amitiés perdurent au-delà du choix professionnel initial. Par ailleurs, opter pour un programme d’études qui vous ressemble vraiment vous amènera inévitablement à rencontrer en un même lieu plusieurs personnes qui partagent des intérêts semblables aux vôtres, amenant ainsi des occasions de développer de nouvelles amitiés.

2. Opter pour un programme qui fait plaisir à vos parents

Le choix d’un programme d’études donne souvent lieu à de bonnes discussions entre les parents et leur jeune. Par manque d’affirmation ou par crainte de la confrontation, certains jeunes peuvent baisser les bras et laisser en quelque sorte leurs parents décider de leur avenir, consciemment ou non, en optant pour un programme qui fait l’affaire de ces derniers. Il se peut que le jeune complète le programme d’études.  Cependant, il peut aussi réaliser rapidement qu’il n’a aucune envie de faire carrière dans le domaine pour lequel il a été formé.  Le choix de carrière est avant tout un choix personnel.  Bien que les parents aient habituellement une bonne connaissance des intérêts, aptitudes et compétences de leur jeune, c’est plutôt ce dernier qui est le plus en mesure d’évaluer si une formation donnée le rejoint véritablement et est susceptible de répondre à ses attentes au plan professionnel.  Il n’est guère intéressant de réaliser au terme de plusieurs années d’études que le jeune a perdu du temps, puisque c’est comme cela que plusieurs  parents pourraient le  percevoir.

3. Choisir un programme à fort taux de placement

Se laisser charmer par des slogans «placement garanti», «taux de placement=100%», sans plus de questionnement peut mener aussi à un cul-de-sac.   Il n’est pas impossible que le placement annoncé soit au rendez-vous.  Toutefois, qu’est-ce que cela vous apportera si le projet de carrière n’est pas assez muri et que vous réalisez finalement que cette carrière  promise ne vous convient pas pour toutes sortes de raison. Les perspectives d’avenir d’une profession de même que les statistiques de placement au terme d’un projet d’études sont des données dont on peut tenir compte, mais il est nécessaire d’avoir préalablement réfléchi sur la carrière en elle-même.  Est-ce que j’ai ce qu’il faut pour réussir dans cette profession?  Est-ce qu’elle est susceptible de répondre à mes aspirations? Par ailleurs, il ne faut pas oublier qu’il peut survenir des évènements imprévisibles qui viendront affecter négativement des perspectives d’emploi qui jusque-là étaient favorables.  Quant aux statistiques en elles-mêmes, il faut à tout le moins bien les interpréter et en valider les sources.

4. Opter pour la facilité

Réfléchir à ce qu’on deviendra au plan professionnel, se projeter dans l’avenir, demande une bonne réflexion. Pour diverses raisons, certains jeunes reportent cette tâche.  Afin de ne pas rompre le cycle des études et éviter de décevoir les parents, ils opteront souvent pour un programme d’études accessible pour eux en fonction de leurs préalables scolaires.  Ils se retrouveront à étudier, sans grande conviction ni motivation, dans un programme qu’ils risquent d’abandonner tôt ou tard, à moins qu’on l’exclut du programme à cause d’un trop grand nombre d’échecs. C’est ce qui risque aussi d’arriver quand on ne s’investit pas vraiment dans ses études. Il pourrait également se  retrouver avec des résultats scolaires en deçà de ses capacités,  affectant tant son estime personnel que ses chances d’être admis ultérieurement dans un programme qui pourrait lui convenir, si jamais celui-ci était fortement contingenté.  Ce qu’il faut retenir c’est que contingentement ou pas, l’étudiant sera confronté éventuellement à la compétition,  si ce n’est pour entrer dans un programme d’études, ce sera pour se trouver un emploi à la fin de celui-ci.  Prendre une direction dans ses études sans avoir envie d’exercer les carrières auxquelles elles mènent habituellement, est une pure perte de temps et d’énergie.  La réflexion véritable s’imposera tôt ou tard.  Pourquoi alors la reporter?  Qu’est qui vous pousse à ne pas vouloir la faire? Ce sont des questions auxquelles il pourrait  être nécessaire de s’attarder aussi.

5. Réaliser le rêve de carrière d’un parent

Votre parent n’a pas pu devenir ce qu’il aurait rêvé pour toutes sortes de raisons. Il se dit que son fils ou sa fille y arrivera à sa place. On appelle cela : la réussite par procuration.  Dans un cas pareil, beaucoup de parents sont prêts à beaucoup de sacrifices pour permettre à leur enfant  d’accéder à ce rêve.  Pour le jeune, il est parfois difficile de départager si le rêve en question est le sien ou celui du parent.  Comme les parents ont une grande influence sur leur progéniture, le jeune peut en venir à croire que ce qu’on imagine  pour son avenir est son rêve de carrière à lui, avant de réaliser plusieurs années plus tard, qu’au fond de lui-même ce rêve n’était pas le sien mais celui d’un parent.  Il faut se rappeler qu’un choix de carrière est avant tout un choix personnel.

6. Choisir une carrière pour le prestige

Plusieurs jeunes rêvent d’une carrière prestigieuse et reconnue socialement. Cependant, il est inutile de choisir une profession prestigieuse dans le but de se sentir quelqu’un et ainsi rehausser sa valeur personnelle. La réussite au plan professionnel ne remplacera jamais la valeur d’une personne. Si une personne s’estime de peu de valeur, elle cherchera toujours à en faire plus, espérant ainsi combler son absence de valorisation intrinsèque.

7. Choisir une carrière pour l’image positive qu’on en a

Les séries télévisées sont souvent l’occasion de nous montrer qu’une partie de la réalité d’une profession, soit la belle partie. Ainsi, combien de fois on nous montre des entrepreneurs à qui tout semble réussir. Leurs idées sont toujours bonnes et les projets qu’ils lancent fonctionnent à tout coup, engendrant succès économique et richesse.  Ils roulent en belles voitures, habitent des maisons cossues, ont une vie sociale intense et semble avoir beaucoup de loisirs.  Or, c’est bien connu,  la réalité est souvent bien différente. Les entrepreneurs travaillent énormément et leurs projets ne fonctionnement pas toujours aussi vite et aussi bien qu’ils le voudraient.  Bref dans cet exemple, comme dans bien d’autres, les professions ont toutes des aspects moins intéressants avec lesquels on doit aussi être capable de composer. À l’étape où la personne cherche à en apprendre davantage sur une profession donnée, elle doit aussi considérer les aspects moins agréables d’une profession donnée afin de savoir si elle pourrait éventuellement être capable de composer avec ces aspects. De nos jours, il existe de nombreuses possibilités afin de pouvoir échanger avec des gens qui exercent diverses professions. Il est du devoir de la personne qui cherche à s’orienter pour la carrière de faire ce travail où elle pourra échanger avec des professionnels du milieu sur la réalité des professions, valider si la perception qu’elle en avait est juste, et si une carrière dans ce domaine est souhaitable pour elle en fonction de ses caractéristiques personnelles et de ses aspirations. Chercher à en apprendre le plus possible sur la profession qu’on envisage avant de s’engager vers cette voie est une étape très importante lorsqu’on est en processus d’orientation.  Hélas, plusieurs escamotent cette étape.

8. Choisir une profession en fonction du salaire

Certaines publicités visant à attirer des étudiants dans des programmes d’études misent souvent sur le salaire que les étudiants peuvent espérer au terme de la formation.   Le salaire est un critère à considérer pour plusieurs personnes, mais l’importance que celles-ci y accordent peut varier énormément entre les individus.  Pour certains, l’importance accordée au salaire est démesurée, ce qui fait qu’ils omettent de considérer d’autres facteurs importants dans le choix d’une carrière.  Celle-ci a beau être payante, mais est-ce qu’elle vous convient vraiment dans ses autres caractéristiques?  Se retrouver après plusieurs années dans une carrière payante, mais qui ne nous rend pas heureux, peut être difficile à vivre.

9. Choisir un programme difficile parce qu’on a du potentiel et une cote R élevé

Il est possible que certaines personnes se sentent attirées, du moins temporairement, par des programmes d’études convoités et difficiles. Tout cela parce qu’elles ont d’excellentes capacités d’apprentissage qui se reflètent par une cote R élevée.  Or, d’autres facteurs doivent être pris en compte dans le choix d’une carrière comme : les intérêts, les aptitudes, les traits de personnalité, les valeurs, les limites et contraintes, les aspirations.  En omettant de considérer ces points, une personne peut se retrouver dans un programme d’études qui a plus ou moins d’affinités avec ce qu’elle est, si ce n’est qu’elle a les résultats scolaires pour y être admise.

10. Attendre à la dernière minute pour choisir

Plusieurs jeunes attendent à la dernière minute pour faire un choix de programme d’études. En pareil cas, il est probable que toute la réflexion requise par un tel choix n’a pu être faite.  On ne peut donc parler ici d’un choix réfléchi et muri.  C’est ce qui peut mener éventuellement au décrochage scolaire ou encore aux changements de programmes, avec toutes les conséquences tant au plan personnel que collectif qui peuvent en découler.

Qui a envie de sauter dans un train sans connaitre sa destination? C’est pourtant ce que font plusieurs jeunes en optant pour des projets d’études sans aucune véritable réflexion préalable, ou à tout le moins  sans une réflexion insuffisante.

Conclusion

En conclusion, il faut se rappeler que le choix de carrière est un choix personnel qui nécessite une bonne réflexion sur soi en premier lieu, mais aussi une analyse judicieuse de beaucoup d’information en lien avec les professions et les programmes d’études  qui vous intéressent. Cette réflexion peut susciter une certaine anxiété chez la personne et c’est ce qui pourrait amener certaines à reporter ou à omettre l’exercice de réflexion nécessaire.  Tôt ou tard, il s’imposera. Alors, pourquoi le reporter ?

Les c.o. peuvent vous guider dans ce processus de réflexion au sujet de la carrière en vous aidant à trouver vos propres repères pour vous amener à formuler un projet professionnel à votre image.

 

Carole Dion c.o.