Les statistiques de placement et les programmes d’études (Relance)

 

Vous êtes-vous déjà demandé d’où viennent les statistiques de placement au terme d’un programme d’études? Comme vous l’avez sans doute constaté vous-mêmes, il est fréquent qu’on nous fait part de données concernant le placement sur les dépliants ou sur les sites internet visant à promouvoir une formation donnée. Plusieurs personnes s’arrêtent aux chiffres proposés sans se questionner davantage sur leur origine et sur  les calculs effectués pour y arriver.  Avouons que c’est rassurant de lire que les taux de placement nous sont favorables.  D’un autre côté, qui aurait intérêt à afficher des taux de placement plus décevants sachant que ceux-ci risquent d’éloigner de potentiels étudiants?

Je tenterai aujourd’hui de vous expliquer la manière utilisée pour en arriver à ces statistiques de placement fournies à la population. Ceci devrait vous permettre d’en arriver à mieux comprendre ces résultats, d’en faire une meilleure analyse, et ultimement d’être plus critique dans l’interprétation qu’on en fait généralement.

D’abord, il faut savoir que c’est le MELS (Ministère de l’éducation, du loisir et du sport) qui effectue périodiquement les Enquêtes Relance auprès des finissants de programmes d’études en formation professionnelle au niveau secondaire et en formation technique au collégial, ainsi qu’auprès des finissants universitaires tant au niveau du baccalauréat, de la maîtrise et du doctorat. Ces enquêtes ont lieu annuellement en ce qui concerne les programmes de formation professionnelle du secondaire et en formation technique au collégial. Au niveau universitaire, elles ont lieu à tous les deux ans pour les programmes de baccalauréat et de maîtrise, et à tous les cinq ans environ pour les programmes de doctorat.  Généralement, les enquêtes Relance ont lieu dans l’année qui suit l’obtention du diplôme.  Les finissants sont alors contactés par téléphone.  Le traitement de toutes ces données est un travail complexe et c’est la raison pour laquelle il peut s’écouler un certain temps avant que les résultats de l’enquête Relance soient rendues accessibles à la population.  À titre d’exemple, les résultats les plus récents concernant les enquêtes Relance au collégial et à l’université sont actuellement (en octobre 2014)  ceux de 2013.  Ces résultats reflètent la situation de ceux qui ont complété leur programme d’études l’année d’avant, soit en 2012.  Comme la plupart des finissants mettent un certain temps pour se trouver un emploi, il faut leur laisser le temps de s’insérer sur le marché du travail avant de tirer des conclusions sur les données de placement d’un programme d’études donné.  En ce moment, les représentants du MELS se préparent sans doute à effectuer l’enquête Relance sur les finissants de 2013.  Pour être valables, les données qui résultent de ces enquêtes doivent répondre à certains critères.  Ainsi, il doit y avoir un nombre suffisant de finissants dans un programme d’études donné, mais aussi un taux de réponse significatif à l’enquête afin qu’on puisse faire les calculs requis.  C’est ce qui explique qu’on ne peut trouver de statistiques pour certains programmes d’études.

Essentiellement, les questions posées aux finissants vont dans le sens de :

Est-ce que vous travaillez?

Est-ce que vous travaillez dans votre domaine de formation?

Est-ce que vous êtes au chômage?

Avez-vous cessé la recherche d’emploi? (personne inactive)

Êtes-vous aux études? Si oui, est-ce que vos études sont en lien avec le programme d’études faisant objet de l’enquête?

Vous avez trouvé un emploi en combien de semaines?

Quel est le salaire gagné?

 

Après compilation et analyse, les résultats de l’enquête sont présentés sous forme de tableau. En premier lieu, il est intéressant de regarder le taux de réponse.  Habituellement, un taux de réponse supérieur à 70 % nous permet de croire  que les résultats de l’enquête offrent une bonne représentativité du groupe faisant l’objet de l’enquête.  Par contre, un taux de réponse autour de 50% nous permet de tirer des conclusions que pour la moitié seulement des personnes visées par l’enquête.  Qu’advient-il de l’autre 50% qui n’a pas répondu à l’enquête? Est-ce que leur situation est parfaite ou ce groupe est-il totalement désespéré ?

 

Par la suite, on nous fournit le taux des personnes en emploi, à la recherche d’un emploi, aux études, les personnes inactives, le taux de chômage, le salaire hebdomadaire brut moyen, le lien entre l’emploi et la formation, le lien entre la poursuite des études et le domaine de formation faisant l’objet de l’enquête, mais aussi le nombre de semaines nécessaires pour trouver un emploi.

 

Pour une meilleure compréhension, voici la définition des concepts utilisés:

  • Dans les enquêtes Relance, les personnes en emploi sont les personnes diplômées visées par l’enquête qui ont déclaré travailler à leur compte ou pour autrui, sans étudier à temps plein.

 

  • Les personnes à la recherche d’un emploi sont les personnes diplômées visées par l’enquête qui ont déclaré se chercher un emploi, sans être aux études ni être déjà en emploi.

 

  • Les personnes aux études sont les personnes diplômées visées par l’enquête qui ont déclaré soit étudier à temps plein, soit étudier à temps partiel, mais sans avoir d’emploi.

 

  • Les personnes inactives sont les personnes diplômées visées par l’enquête qui ont déclaré ne pas avoir d’emploi, ne pas en chercher et ne pas être aux études.

 

  • Le taux de chômage est le rapport, exprimé en pourcentage, entre le nombre de personnes diplômées à la recherche d’un emploi et l’ensemble de la population active (constituée uniquement des personnes en emploi et de celles à la recherche d’un emploi).

 

  • Sont dites « à temps plein » les personnes diplômées en emploi qui travaillent, de façon générale, 30 heures ou plus par semaine. Sont considérées « à temps partiel » les personnes diplômées en emploi qui travaillent, de façon générale, moins de 30 heures par semaine.

 

  • Le salaire hebdomadaire brut moyen à temps plein (soit plus de 30 heures par semaine) tient compte uniquement de ceux qui travaillent pour autrui.

 

  • On obtient aussi l’information sur le lien entre la formation et l’emploi obtenu. Sont dits avoir un emploi «en rapport avec la formation » les travailleurs et les travailleuses à temps plein qui jugent que leur travail correspond à leurs études.

 

  • Quant à la donnée traitant du lien entre les études et la formation, elles nous permettent de savoir si les études en cours sont en lien avec le diplôme initialement obtenu.

 

Interpréter judicieusement des données n’est pas donné à tous. Nombreux sont ceux qui n’y voient simplement pas d’intérêt. Pourtant, faire une analyse rigoureuse des données fournies par les Relances apporte un éclairage important, souvent négligé, que toute personne désirant s’inscrire dans un programme donné aurait avantage à considérer.

 

Vous avez des doutes sur les promesses de placement qu’on vous fait pour un programme d’études qui vous semble intéressant? Je vous invite à consulter un(e) conseiller(ère) d’orientation pour vous aider dans l’interprétation des statistiques de placement.

 

Les données concernant les Enquêtes Relance sont accessibles à tous au lien suivant :

 

http://www.mesrs.gouv.qc.ca/Relance/