La désorientation

Aujourd’hui, j’ai le goût de vous entretenir sur la désorientation. En ce début d’année scolaire, ce sujet m’apparait tout à fait pertinent puisque certains sont susceptibles de la vivre.  Ce sujet m’a aussi été inspiré par une expérience personnelle de désorientation, non pas au plan scolaire ou professionnel, mais par une expérience sur la route.  Certains d’entre vous se reconnaitront sans doute dans mon expérience vécue. Je vous raconte.  Il y a quelques temps, j’ai dû aller dans un petit village où j’étais déjà allée deux fois dans les dix dernières années.  Avant de partir, j’ai regardé vitement la route à prendre sur Google Map et je suis partie confiante que je me rendrais là sans aucun problème.  La première partie du trajet s’est bien passé.  J’ai pris la bonne sortie sur l’autoroute, mais après…ouf.  Rapidement, je me suis doutée que je n’étais pas sur le bon chemin car les repères ne me disaient rien.  Un peu normal, je passais là pour la première fois dans ce foutu chemin.  Puis, j’ai fait demi-tour en me disant que si je retournais jusqu’à la sortie de l’autoroute, je me retrouverais.  Comme j’avais tourné à droite à la sortie de l’autoroute, je me disais que j’aurais sans doute  dû tourner à gauche et que mon erreur était là.  Je me dirigeai donc dans la direction que je croyais être la bonne.  Encore une fois, même sentiment de ne pas être sur la bonne route. Plus j’avançais plus je me disais que je ne pouvais pas continuer comme ça en ayant  le sentiment que je n’allais pas me rendre là où je voulais. Par temps nuageux ce jour-là, je n’avais aucune idée du nord, du sud, de l’est, ou  encore de l’ouest. C’était inévitable, je devais m’arrêter et cesser de tourner en rond.  Je me suis donc arrêtée en lieu sécuritaire et je n’ai eu d’autre choix que de consulter mon téléphone intelligent afin de me situer sur la carte, trouver et identifier des repères autour de moi, puis analyser sérieusement la route à prendre afin d’atteindre la destination voulue.  Après quelques minutes, j’ai pu reprendre la route, avançant prudemment jusqu’à la destination finale. Si je vous raconte tout cela, c’est que pendant que je vivais cela, je me suis mise à penser que ce que je ressentais pouvait être comparable, d’une certaine manière, à ce que vivent les étudiants désorientés.  Opter pour un programme, débuter la formation, sentir qu’on n’est pas au bon endroit, qu’on n’a pas les mêmes intérêts que les autres du même groupe, se sentir perdu, commencer à ressentir une certaine anxiété, se demander ce qu’on fait là, puis l’envie d’arrêter tout pour repenser à son projet professionnel. Comme dans mon expérience racontée ci-haut, il est impératif de se questionner avant d’aller de l’avant avec un autre projet professionnel lorsqu’on se retrouve désorienté ou indécis face à ses études ou son choix de carrière.  Et parfois, cela peut aussi vouloir dire prendre un temps d’arrêt. Pourtant, cette interruption des études n’est pas toujours bien vue de la part des parents, et parfois même de la part des étudiants eux-mêmes.  Certains y voient une perte de temps, le retard pris dans le cheminement scolaire, le report de l’entrée dans la vie professionnelle, et pourquoi pas la retraite tardive tant qu’à y être. Qu’importe ce qu’en disent certains, interrompre temporairement les études le temps de faire la réflexion nécessaire peut être tout à fait profitable, dans certains cas,  en autant bien sûr qu’on pose des gestes concrets pour mieux se connaître, s’interroger sur ce qui donnera du sens à notre vie de par le travail, et pourquoi pas vivre des expériences concrètes de travail.  En effet, travailler même si c’est dans un emploi temporaire, peut aider une personne à mieux se connaître, l’amener à découvrir certaines habiletés, aptitudes, intérêts, ou encore développer certains aspects de sa personnalité. On  pourrait aussi parler des gains au niveau du sens des responsabilités et de la maturité. Être désorienté quant à son avenir peut aussi parfois nécessiter d’être accompagné dans sa réflexion par  un(e) professionnel(e) de l’orientation.  Guidée par un(e)  c.o., la personne indécise ou désorientée sera amenée à s’introspecter afin de consolider son identité, identifier ses ressources personnelles, ses limites et contraintes, trouver des réponses à ses questions, et ultimement identifier le programme d’études ou la profession le plus susceptible de la rejoindre, et de l’amener à se mobiliser pour actualiser son projet professionnel. La désorientation et l’indécision sont souvent  accompagnées d’anxiété.  Celle-ci brouille parfois la « vue » ou le «champ visuel» d’une personne sur sa propre situation.  Bref, on ne voit pas tout ce qu’on devrait voir en ce qui nous concerne.  Or, c’est tout même important de ne pas tenter de mettre fin à l’anxiété ressentie en pareille situation; il faut la tolérer temporairement. Tel le brouillard et la tempête rencontrée sur la route nous obligent à adapter notre conduite et à se concentrer sur ce qui se passe à l’instant présent, la désorientation et l’indécision nous obligent à nous questionner et à être attentif à tout ce qui nous permet d’en apprendre davantage sur nous dans cette période de notre vie.   Carole Dion c.o.