indécision

Le choix de carrière, l’indécision, l’anxiété

Je m’adresse à toi, celui qui cherche sa voie.

Comme pour plusieurs personnes autour de toi, faire un choix de programme d’études en vue d’exercer éventuellement une profession  peut te sembler un peu stressant. Ainsi, opter pour une possibilité parmi plusieurs implique que tu doives renoncer à d’autres.  À première vue, les possibilités qui s’offrent à toi sont nombreuses.  C’est une des raisons qui fait qu’il est difficile de choisir. Cependant, il faut admettre que les possibilités sont aussi limitées d’une certaine manière, puisque qu’au fond tu ne peux tout faire.  Tu devras donc renoncer à certains choix.  Choisir c’est aussi renoncer.

L’indécision au sujet de la carrière suppose que tu es incapable d’exprimer un choix ou de t’engager dans un cheminement qui mènerait vers un métier ou une profession.  Être indécis au sujet de ton avenir scolaire ou professionnel peut t’amener à ressentir de l’anxiété.  Tu t’inquiètes, tu anticipes des scénarios, tu as des craintes et des peurs qui te paralysent en quelque sorte et t’empêchent de passer à l’action.

Mais comment expliquer que le fait d’être indécis face à ton avenir amène autant d’anxiété? Même si plusieurs facteurs font en sorte que tu vis de l’indécision, l’anxiété à propos de ta carrière future provient surtout de croyances que tu peux entretenir à propos du choix à faire. La croyance est définie comme un processus mental expérimenté par une personne.  Cette dernière croit  à des thèses ou des hypothèses qu’elle considère comme une vérité, indépendamment qu’il y ait présence d’éléments  confirmant ou infirmant celles-ci.

Voici maintenant plusieurs croyances auxquelles tu adhères peut-être :

Une profession m’attend et je dois la découvrir!

En orientation, il existe plutôt plusieurs professions ayant des éléments en commun qui sont susceptibles de correspondre à tes intérêts, à tes valeurs, à ta personnalité, à tes aspirations, en plus de satisfaire ton besoin de reconnaissance sociale.  Donc, croire qu’une seule profession te convient est tout à fait faux.

Je veux avoir la certitude de faire le bon choix!

 Il est absolument impossible d’avoir une telle certitude.  Idéalement, choisir implique de se trouver devant deux options équivalentes.   Conséquemment, il faudra risquer une option.   Advenant que cela ne se passe pas comme tu le souhaites, ce sera plus simple si tu as prévu une seconde option. Si tu connais les éléments d’une profession qui t’attirent, ce sera plus facile de formuler un autre choix, voire même un troisième choix.

Quand je vais trouver ma profession, ça va cliquer!

Pour certains, s’orienter s’apparente à un coup de foudre. Tout à coup, ils se sentent envahis d’une grande passion pour une profession donnée. Si tu es de ce groupe, qu’est-ce qui t’attire tant dans cette profession?  Si tu  es capable de nommer ce qui t’attire dans celle-ci et de trouver des indices, tu pourras reconnaître aussi d’autres professions qui répondent à tes attentes.  Sans cela, tu pourrais passer à côté  de professions intéressantes pour toi.

Les gens qui changent d’idées ne réussissent jamais rien!

Penser ainsi, c’est croire qu’il faut à tout prix persister.  C’est certain qu’il ne faut pas abandonner trop facilement, mais parfois on n’a pas d’autre choix.

Il me faut une profession exigeante et bien vue socialement!

Choisir une profession exigeante, voire prestigieuse, pour rehausser ta valeur personnelle est totalement inutile.  La réussite professionnelle ne remplacera jamais la valeur essentielle d’une personne.  Si tu manques d’estime personnelle, tu pourrais en venir à vouloir toujours en faire plus pour compenser cette absence de valeur intrinsèque.

Je choisis pour la vie!

Es-tu de ceux qui croient que le choix d’une carrière se fait une fois pour toutes?  En fait, tu auras une multitude de choix à faire au cours de ta vie scolaire et professionnelle. Des options et  des opportunités se présenteront à toi.  À chaque fois, des avantages, des inconvénients, et  différents aspects que tu devras analyser afin de choisir l’option qui est le plus susceptible de correspondre à la contribution que tu souhaites apporter via ton travail (motivation intrinsèque). Ce n’est pas juste une question de ce que ton emploi te rapportera en termes de conditions, d’avantages sociaux et de salaire (motivation extrinsèque).

En terminant, je te laisse sur ces phrases d’Alfred DeSouza :

Pendant très longtemps, il me semblait que la vie allait commencer…

La vraie vie.

 Mais il y avait toujours des obstacles le long du chemin, une épreuve à traverser, un travail à terminer, un temps à donner, une dette à payer.

Puis la vie commencerait…

J’ai enfin compris que les obstacles étaient la vie.

Et toi, quelles sont tes croyances au sujet du choix de carrière?

Référence:

Falardeau, I., et Roy R. (1999), S’orienter malgré l’indécision, Les Éditions Septembre.

L’indécision et le choix de carrière

L’indécision est l’incapacité à exprimer un choix dans le contexte où une personne a à décider.  Elle pense, réfléchit sans cesse, mais n’arrive pas à opter pour une option plutôt qu’une autre.  Elle ne passe pas à l’action. L’indécision en rapport avec les études et le choix de carrière est l’incapacité de choisir parmi plusieurs options ou choix possibles.  Du temps des parents et des grands-parents, les options étaient beaucoup moins nombreuses qu’aujourd’hui.  De nos jours, les possibilités de formation sont nombreuses et plusieurs professions de demain n’existent pas encore.  Le marché du travail évolue, se transforme, ce qui amène de nouveaux besoins de main-d’œuvre qualifiée pour y répondre.  De là, la création de nouveaux programmes d’études au fil du temps.

En matière d’orientation scolaire et professionnelle, il est fréquent que nos clients soient confrontés à de l’indécision. Cette indécision peut être passagère ou chronique.  Dans le cas de l’indécision passagère, l’indécision est situationnelle et temporaire. Comme la personne est en développement, il se peut qu’elle manque d’information sur elle-même ou sur les professions afin d’être en mesure de faire un choix.  Pour certains, l’immaturité peut expliquer l’indécision. Ils se refusent à s’attarder à certaines questions d’importance lorsqu’on a un choix de carrière à faire.   Dans le cas de l’indécision chronique,  la personne rencontre de l’incapacité à se décider dans plusieurs sphères de sa vie.  Cette indécision ne semble pas vouloir s’atténuer avec le temps. La personne aux prises avec ce type d’indécision aura tendance à éviter de prendre des décisions.  Lorsqu’on la contraint de le faire, elle bâclera la réflexion et la décision qui en découle. Ce type d’indécis tolère très mal l’incertitude  et déteste prendre des risques, souvent inhérents à toute prise de décision.  Ces indécis chroniques ruminent constamment leur décision et reviennent fréquemment sur celle-ci.

Prendre une décision de carrière suppose qu’on doive avoir une certaine tolérance à l’incertitude et accepter un certain risque.  Si nécessaire, il fait avoir la capacité de revenir sur sa décision, réfléchir sur les éléments nouveaux susceptibles de l’influencer, et redéfinir une nouveau projet professionnel au meilleur de nous-même en tenant compte des nouvelles informations.

Toutes les formes d’indécision sont susceptibles d’amener une certaine anxiété.  Généralement, celle-ci s’estompe une fois la décision prise.  Lorsqu’elle persiste, elle peut amener une indécision plus chronique. Lorsque trop envahissante, l’anxiété peut entraver le processus de réflexion, amenant les personnes à décider impulsivement, en se fermant à certaines options,  et en  ne faisant pas une réflexion approfondie quant aux options présentes. De là, la possibilité de ne pas faire le choix optimal.

Plusieurs croyances, peurs ou manques peuvent être des causes de l’Indécision.

Les croyances

Certains peuvent penser :

  • Que les conséquences d’une mauvaise décision seront désastreuses
  • Qu’ils doivent avoir toute l’information pour décider
  • Qu’ils n’ont pas le droit de revenir sur leur décision une fois qu’elle est prise
  • Que les gens qui changent d’idées ne réussissent jamais rien
  • Qu’ils ont  besoin que les autres approuvent leur décision
  • Qu’ils sont destinés à une seule profession et qu’ils doivent la trouver
  • Qu’il leur faut la certitude de faire le meilleur choix
  • Qu’on fait un choix de carrière pour la vie

Ces croyances souvent cultivées au sein de la famille et de l’entourage n’aident en rien la personne indécise à s’en distancier et à les remettre en question.

D’autres peuvent être envahis de peurs :

  • Peur de se tromper
  • Peur d’échouer
  • Peur de l’inconnu
  • Peur de déplaire à l’entourage, à ses parents

D’autres  ressentent des manques :

  • Connaissance de soi insuffisante
  • Manque d’expérience dans la prise de décision : on ne leur pas appris à décider
  • Manque d’information ou encore sont  submergés d’information qu’ils n’arrivent pas à traiter.
  • Manque d’organisation : ne savent pas par où commencer
  • Manque d’ouverture : on tendance à rester collés à ce qu’ils connaissent plutôt que de s’ouvrir à davantage de possibilités.  Ils peuvent agir impulsivement, sans réfléchir.
  • Manque de confiance dans leur capacité pour prendre une décision.

En matière de choix de carrière, il y a beaucoup de réflexion à faire, d’abord celle qu’on doit faire sur soi-même quant à ses aptitudes, ses intérêts, sa personnalité, ses valeurs, ses aspirations, ses limites et contraintes. Une fois ces repères identitaires clairement définis, il est approprié d’explorer le monde des professions et les programmes d’études disponibles, en faisant des liens entre nos caractéristiques personnelles et celles requises par les professions et les programmes d’études.

Il faut aussi affronter ses peurs, confronter ses croyances, tolérer l’incertitude et l’inconnu. Le choix de carrière est un choix personnel et individuel.  Il faut donc parfois accepter de déplaire pour se respecter et assumer un choix qui nous convient.  Avancer dans la vie, c’est faire face à l’inconnu à chaque jour. On ne peut avoir le contrôle sur tout. C’est la vie!

Nul ne connait l’avenir, les changements technologiques qui surviendront, les problématiques qui apparaîtront, les revers de l’économie et les impacts sur le marché de l’emploi.  En matière de choix de carrière, il faut être capable de composer avec l’incertitude et faire le meilleur choix possible entre les programmes d’études et les professions correspondant à nos aptitudes, nos intérêts, notre personnalité, nos valeurs, tout en étant susceptible de répondre à nos aspirations pour le futur.  Il faut accepter de prendre une direction, oser, s’engager, quitte à se réajuster si nécessaire.

Carole Dion, Conseillère d’orientation

La désorientation

La désorientation

Aujourd’hui, j’ai le goût de vous entretenir sur la désorientation. En ce début d’année scolaire, ce sujet m’apparait tout à fait pertinent puisque certains sont susceptibles de la vivre.  Ce sujet m’a aussi été inspiré par une expérience personnelle de désorientation, non pas au plan scolaire ou professionnel, mais par une expérience sur la route.  Certains d’entre vous se reconnaitront sans doute dans mon expérience vécue. Je vous raconte.  Il y a quelques temps, j’ai dû aller dans un petit village où j’étais déjà allée deux fois dans les dix dernières années.  Avant de partir, j’ai regardé vitement la route à prendre sur Google Map et je suis partie confiante que je me rendrais là sans aucun problème.  La première partie du trajet s’est bien passé.  J’ai pris la bonne sortie sur l’autoroute, mais après…ouf.  Rapidement, je me suis doutée que je n’étais pas sur le bon chemin car les repères ne me disaient rien.  Un peu normal, je passais là pour la première fois dans ce foutu chemin.  Puis, j’ai fait demi-tour en me disant que si je retournais jusqu’à la sortie de l’autoroute, je me retrouverais.  Comme j’avais tourné à droite à la sortie de l’autoroute, je me disais que j’aurais sans doute  dû tourner à gauche et que mon erreur était là.  Je me dirigeai donc dans la direction que je croyais être la bonne.  Encore une fois, même sentiment de ne pas être sur la bonne route. Plus j’avançais plus je me disais que je ne pouvais pas continuer comme ça en ayant  le sentiment que je n’allais pas me rendre là où je voulais. Par temps nuageux ce jour-là, je n’avais aucune idée du nord, du sud, de l’est, ou  encore de l’ouest. C’était inévitable, je devais m’arrêter et cesser de tourner en rond.  Je me suis donc arrêtée en lieu sécuritaire et je n’ai eu d’autre choix que de consulter mon téléphone intelligent afin de me situer sur la carte, trouver et identifier des repères autour de moi, puis analyser sérieusement la route à prendre afin d’atteindre la destination voulue.  Après quelques minutes, j’ai pu reprendre la route, avançant prudemment jusqu’à la destination finale. Si je vous raconte tout cela, c’est que pendant que je vivais cela, je me suis mise à penser que ce que je ressentais pouvait être comparable, d’une certaine manière, à ce que vivent les étudiants désorientés.  Opter pour un programme, débuter la formation, sentir qu’on n’est pas au bon endroit, qu’on n’a pas les mêmes intérêts que les autres du même groupe, se sentir perdu, commencer à ressentir une certaine anxiété, se demander ce qu’on fait là, puis l’envie d’arrêter tout pour repenser à son projet professionnel. Comme dans mon expérience racontée ci-haut, il est impératif de se questionner avant d’aller de l’avant avec un autre projet professionnel lorsqu’on se retrouve désorienté ou indécis face à ses études ou son choix de carrière.  Et parfois, cela peut aussi vouloir dire prendre un temps d’arrêt. Pourtant, cette interruption des études n’est pas toujours bien vue de la part des parents, et parfois même de la part des étudiants eux-mêmes.  Certains y voient une perte de temps, le retard pris dans le cheminement scolaire, le report de l’entrée dans la vie professionnelle, et pourquoi pas la retraite tardive tant qu’à y être. Qu’importe ce qu’en disent certains, interrompre temporairement les études le temps de faire la réflexion nécessaire peut être tout à fait profitable, dans certains cas,  en autant bien sûr qu’on pose des gestes concrets pour mieux se connaître, s’interroger sur ce qui donnera du sens à notre vie de par le travail, et pourquoi pas vivre des expériences concrètes de travail.  En effet, travailler même si c’est dans un emploi temporaire, peut aider une personne à mieux se connaître, l’amener à découvrir certaines habiletés, aptitudes, intérêts, ou encore développer certains aspects de sa personnalité. On  pourrait aussi parler des gains au niveau du sens des responsabilités et de la maturité. Être désorienté quant à son avenir peut aussi parfois nécessiter d’être accompagné dans sa réflexion par  un(e) professionnel(e) de l’orientation.  Guidée par un(e)  c.o., la personne indécise ou désorientée sera amenée à s’introspecter afin de consolider son identité, identifier ses ressources personnelles, ses limites et contraintes, trouver des réponses à ses questions, et ultimement identifier le programme d’études ou la profession le plus susceptible de la rejoindre, et de l’amener à se mobiliser pour actualiser son projet professionnel. La désorientation et l’indécision sont souvent  accompagnées d’anxiété.  Celle-ci brouille parfois la « vue » ou le «champ visuel» d’une personne sur sa propre situation.  Bref, on ne voit pas tout ce qu’on devrait voir en ce qui nous concerne.  Or, c’est tout même important de ne pas tenter de mettre fin à l’anxiété ressentie en pareille situation; il faut la tolérer temporairement. Tel le brouillard et la tempête rencontrée sur la route nous obligent à adapter notre conduite et à se concentrer sur ce qui se passe à l’instant présent, la désorientation et l’indécision nous obligent à nous questionner et à être attentif à tout ce qui nous permet d’en apprendre davantage sur nous dans cette période de notre vie.   Carole Dion c.o.