La difficulté de choisir et de se mettre en action

En orientation, il est fréquent de rencontrer des personnes qui hésitent à choisir entre des options de carrière qui pourraient leur convenir.  Elles n’osent pas se mettre en action pour actualiser un projet professionnel qui pourtant les anime réellement.  Comment expliquez tout cela?

Composer avec l’incertitude

Certains aimeraient avoir la certitude que le choix exprimé satisfera éventuellement toutes leurs exigences et critères. Ainsi, comment avoir la certitude que la profession choisie offrira toutes les possibilités voulues dans le futur? Plusieurs facteurs, hors de notre contrôle, sont susceptibles d’affecter positivement ou négativement de nombreux secteurs d’activité professionnelle dans le futur. Personne ne peut prédire ce que sera la réalité future d’une profession donnée, pas même un conseiller d’orientation.

Aussi, qui peut dire que ses goûts, ses intérêts, sa personnalité, ou ses priorités, ne changeront pas au fil du temps? Personne, je crois.  Il faut donc faire le meilleur choix possible, celui qui tient compte  des informations dont on dispose sur soi et sur le marché du travail au moment où on a à exprimer un choix professionnel. Il faut accepter que ce choix ne soit peut-être pas parfait.  Toutefois,  c’est possiblement  la meilleure option pour soi à ce moment-ci. En se mettant en action, on est davantage susceptible d’avancer vers ce qui compte réellement pour soi.  Évidemment, choisir implique aussi de renoncer.

D’autres hésitent à se mettre en action, à faire ce qu’il faut pour changer de domaine.  Retourner aux études, faire des  sacrifices,  mettre des efforts pour actualiser un autre projet professionnel, ça peut faire peur. En optant pour le statu quo, ils se maintiennent dans un univers connu et sécurisant. En exprimant encore  toutes leurs insatisfactions en lien avec leur carrière, ils nourrissent leur sentiment de frustration.  Il vient un temps où il fait assumer ses choix, ses décisions, voire son inaction.

 Ah, si c’était à refaire!

Combien de fois avez-vous entendu cette phrase, d’un parent, d’un ami, voire d’une connaissance? Plusieurs remettent en question leur choix de carrière initial. Leurs propos ressemblent à :  «Si c’était à refaire, j’exercerais telle profession ou tel métier, je ferais tel type d’études,» etc.  Or, ce que ces personnes ne réalisent pas c’est qu’elles ont fait un choix de carrière à un âge donné dans une époque donnée, en fonction de la connaissance qu’elles avaient d’elle-même à ce moment-là, et de la réalité du marché de l’emploi de ce temps-là.

Aujourd’hui, ces personnes ont évolué, se connaissent davantage, et leurs intérêts ont possiblement changé au fil du temps.  Certains aspects de leur personnalité ont fort probablement changé aussi.  Par ailleurs, des professions de l’époque se sont transformées, certaines sont disparues.   D’autres sont nées suite à des nouveaux besoins des industries, des entreprises, ou encore de la population, par exemple.

Si ces personnes avaient à refaire un choix initial de carrière aujourd’hui, elles le feraient dans la société d’aujourd’hui.  Elle se baserait  sur la connaissance qu’elles ont d’elle-même en ce moment, avec leur propre personnalité et la maturité d’un jeune, non pas celle de l’adulte mature qui, fort de son vécu personnel et professionnel, revoit le chemin parcouru avec un regard critique. Qui dit aussi si les cheminements qu’elles auraient aimé faire leur auraient été accessibles? À cause de leurs notes, du contingentement de programme, ou encore  de difficultés rencontrées en cours de route, leur projet ne se serait peut-être pas réalisé. C’est trop facile de dire si c’était à refaire je ferais autre chose de ma vie professionnelle.

Passer à l’action

Face à sa carrière, il ne faut pas rester passif et en attente que quelque chose se passe sans avoir à faire d’efforts d’une quelconque manière.  Il faut passer à l’action.  Malheureusement, certains aimeraient avoir terminé le projet avant de l’avoir commencé. Vous me direz probablement que ce n’est pas tout le monde qui peut faire tous les changements souhaités.  Vu  les obligations personnelles, certains peuvent avoir de réelles contraintes.  Toutefois, si  on cherche un peu, chacun a un peu de pouvoir pour changer sa situation. Il faut réfléchir, voir ce qu’il est possible de faire, analyser les options réalistes et réalisables, et passez à l’action.  Autrement, il ne reste qu’à assumer son inaction.  Chacun est libre de choisir où sont ses priorités.

 

Carole Dion, conseillère d’orientation